Mais il y a un "mais"
Une difficulté : ce que le Nouveau Testament entend par être chrétien est justement ce qu'il y a de plus contraire à l'homme. C'est pour cet homme un scandale.
Ou bien ce contre quoi il doit se révolter, ou bien ce dont il doit chercher à se débarrasser par ruse et à tout prix, par exemple grâce à cette escroquerie qui consiste à appeler christianisme exactement le contraire... puis à rendre grâces à Dieu de la faveur immense d'être chrétien !
"Rien ne déplaît plus à l'homme, ne le révolte d'avantage que le christianisme du Nouveau Testament : vraiment annoncé, il ne peut gagner ni chrétiens par millions, ni salaires et profits terrestres !... Alors se produit la confusion : pour que les hommes acquiescent, il faut que la chose annoncée soit de leur goût et les séduise... Et ici réside bien la difficulté : elle ne réside nullement à montrer que le christianisme officiel n'est pas celui du Nouveau Testament mais à montrer que le christianisme du Nouveau Testament et ce qu'il entend par être chrétien sont des choses profondément désagréables à l'homme." (*)
"Jamais, pas plus aujourd'hui qu'en l'an 30, la révélation chrétienne ne peut plaire à l'homme : le christianisme a toujours été pour lui au fond de son coeur un ennemi mortel. Aussi l'histoire témoigne-t-elle que de génération en génération existe une classe sociale hautement respectée (les prêtres) dont le métier consiste à faire du christianisme exactement le contraire de ce qu'il est." (*)
Jacques Ellul, La subversion du christianisme, début du ch. 8
(*) Kierkegaard